Traces de titane relevées sur les funes
Les conclusions paraissent difficiles à réfuter. La phrase relevée à la page 8 résume bien la situation :
« L’état des funes, rouillées et maintes fois manipulées, ne permet pas d’effectuer sur celles-ci des prélèvements en espérant pouvoir valablement les analyser et en tirer des conclusions sur les éléments avec lesquels elles ont pu être en contact huit ans auparavant ».
Tout est dit : n’a-t-on pas créé les conditions rendant impossible un résultat significatif ? L’épisode Seatle trader où les funes sont restées 5 mois immergées a parfaitement rempli ce rôle.
Quant à l’espoir d’identifier un sous-marin par une telle analyse, il était faible. On est là au coeur du Secret défense : révéler la manière dont sont construits les sous-marins aurait été le transgresser. De toute façon, cette expertise ne saurait être comparée à celle d’un test ADN – comme on a été tenté de le faire – car il n’existe pas de fichier de sous-marins «délinquants potentiels», comme dans le cas de délinquants sexuels.
Au plan de la procédure, on peut s’étonner des délais requis pour des tests relativement simples (analyses spectrales, à distance, sans destruction de substance) et le peu de sérieux de certaines démarches (examen d’un bateau très différent du Bugaled Breizh selon Michel Douce, photos à l’appui)
Messages suspects émis par le Turbulent
Il est très difficile de se faire une opinion, car les messages originaux ne sont pas montrés et l’expert ne cherche pas à dissiper la confusion ressentie.
Ces messages seraient émis – non pas par le Turbulent – mais par l’Etat-Major, bien que ce ne soit pas précisé – établissant des sortes de «plans de vol». Curieux que la Marine soit obligée de faire appel à des concepts de l’Aéronautique !
Pourquoi ensuite l’expert ne justifie-t-il pas son affirmation antérieure selon laquelle «un message tel que le CTF311 ne peut être émis que lorsque le sous-marin se déplace». Il ne répond pas non plus quant à la génération du groupe date/heure, automatique ou manuelle ? Il est étrange qu’il soit noté par ailleurs que «le groupe date/heure. est grossièrement représentatif de l’heure d’émission». Rien non plus sur la position du Turbulent relevée qui n’est pas celle de Devonport. Position prévisionnelle ?
En ce qui concerne la situation du Turbulent, le message portuaire le déclare « ni à quai, ni à l’ancre », ce qui ne trouble pas l’expert.
Quant aux avaries subies par le Turbulent, on relève cette phrase étrange : « le déroulement de la matinée du 16 se conclut par un retour à quai ». Il était donc en mer avant cette date. On ne comprend pas cette phrase « l’avarie et la mission secrète d’infiltration ne sont donc nécessairement pas antérieures au 16 janvier »
Il est difficile de combattre ces assertions tant l’entreprise d’enfumage est manifeste. Toutes les cartes sont dans les mains de la partie adverse, juge et partie.
Conclusion
Ces résultats ont été interprétés rapidement par les médias comme « éloignant la piste du sous-marin ». Pascal Bodéré du Télégramme a apporté un démenti opportun, d’autant que la dernière page du rapport nous renvoie chez l’Oncle Sam.