M. Le Drian reçoit les "les familles"

Volonté d'en sortir ou ultime écran de fumée ? 

 

 

          Redoutant la clôture du dossier après tant de péripéties, Michel Douce, l'armateur du Bugaled Breizh, a insisté pour être reçu, ainsi que les proches des victimes, par M. Le Drian, Ministre de la Défense. Mme Le Loch, députée du Finistère, jouant les bons offices, vient de faire savoir que la réunion aura lieu le 26 mars à l'Hôtel de Brienne à Paris, siège du Ministère.

          

          Michel Douce souhaitait, après dix ans de cette omerta insupportable, une réunion informelle, extra-judiciaire, entre interlocuteurs de bonne volonté, ouvrant sur des échanges aussi libres que possible.

          

          Or ce ne sont pas "les familles" qui seront reçues, mais "les parties civiles". Cette dénomination a un sens juridique très précis : il s'agit des plaignants qui se sont portés "partie civile" en raison du préjudice moral ou matériel subi. Cela paraît logique. Ce qui l'est moins c'est que M. Le Drian a exigé que leurs avocats ne soient pas présents.

 

          M. Le Drian est en total porte à faux. M. Morin, son prédécesseur n'avait mis aucune condition à cette réunion, laissant venir qui le souhaitait. Convoquant les parties civiles, M. Le Drian confère à la réunion un caractère officiel, éloigné de l'esprit amiable. S'engageant dans cette voie, il empiète sur les prérogatives des juges. Ceux-ci, faut-il le rappeler, sont tenus de convoquer les avocats, représentants légitimes des parties civiles.

 

           Dans cette logique, peut-on imaginer que les 27 plaignants concernés pourront se rendre à l'hôtel de Brienne ? Qui représentera ceux qui n'auront pu se déplacer ? De son côté, M. Le Drian affrontera-t-il seul d'aussi nombreux interlocuteurs ? Il serait étonnant qu'il ne fasse pas appel à quelques conseillers, bien rodés à ce genre de réunion. Indépendamment du fait que ces experts pourront déséquilibrer le débat, on peut craindre que celui-ci ne s'enlise dans des détails techniques, évacuant toute autre considération, notamment humaine.

 

           L'appel à cette notion de partie civile permet d'écarter de la réunion le président de l'association SOS Bugaled Breizh qui simple "citoyen indigné" comme il se qualifie lui-même, n'a pas ce titre. Il est pourtant le représentant d'un mouvement puissant composé de personnes qui se sentent impliqués par le drame, comprenant que de telles affaires sont de celles qui mettent notre démocratie en danger.